Introduction : Pourquoi discuter avec un pervers narcissique est une impasse
Discuter avec un pervers narcissique, c’est dialoguer dans un labyrinthe sans sortie. Il ne s’agit jamais de comprendre ou de résoudre, mais de déstabiliser, embrouiller et détruire.
Dans cet article, nous analysons comment la parole est détournée de son sens premier pour devenir un outil de pouvoir, pourquoi le dialogue oral est à proscrire, et comment écrire peut redevenir un rempart essentiel pour se protéger. Nous faisons aussi le lien avec les stratégies identifiées dans « Quand le pervers narcissique déstabilise » pour mieux comprendre leur logique de brouillage mental.
Le langage comme stratégie de domination chez le PN
Le langage n’est pas fait pour échanger, mais pour manipuler
Comme l’explique le psychiatre Serge Hefez dans l’émission France Inter « Le pervers narcissique existe-t-il vraiment ? », les manipulateurs utilisent non pas le langage pour créer du lien, mais pour s’assurer le pouvoir psychologique.
« Ce qui compte, ce n’est pas ce qu’ils disent. C’est ce qu’ils veulent provoquer chez vous. »
Ils disent ce que vous avez besoin d’entendre – ou ce qui déstabilisera le plus. Tout est adapté, tout est calibré pour créer l’effet voulu : doute, soumission, culpabilité.
Exemples de détournement verbal
- « Tu es trop sensible » (après une agression verbale)
- « Je voulais juste t’aider » (après une intrusion)
- « Tu m’avais dit oui » (sur un fait jamais exprimé)
- « Tu ne comprends jamais rien » (quand la victime refuse la manipulation)
Ce langage piégé vous pousse à vous justifier en permanence, ce qui entretient leur emprise. Le PN ne communique pas pour se rapprocher, mais pour contrôler la réalité de l’autre.
Quand les mots deviennent flous : perte du sens commun
Le brouillage sémantique et ses effets
Dans l’interview video Comprendre les mécanismes et sortir de la manipulation, Christine Calonne explique comment les PN utilisent un langage flou, contradictoire et émotionnellement manipulateur pour désorienter la victime
« « Ils parlent sans vraiment dire. Ils posent des mots vagues, contradictoires, émotionnellement chargés, pour bloquer le raisonnement de l’autre. »
Ce style de communication installe une zone grise mentale, où aucun mot n’est stable ni fiable.
L’illusion du dialogue
Discuter avec un pervers narcissique revient à entrer dans un combat déguisé en conversation. Vous parlez pour vous expliquer, ils parlent pour vous dominer.
Ils inversent les faits, attribuent leurs propres paroles à autrui, affirment puis nient en fonction de ce qui les avantage. Le but n’est jamais la vérité : c’est le brouillage, la confusion, la domination.
Le gaslighting verbal : comment la parole vous efface
Les techniques de confusion par la parole
Le gaslighting verbal est une stratégie où le PN vise à enterrer la parole et la confiance de l’autre. Dans le podcast de France Inter « Le gaslighting : du doute de la parole des femmes aux discours de post-vérité », on entend :
« Le gaslighting désigne à l’origine la manipulation d’une femme par la mise en doute de sa parole et de son état mental par l’époux. »
Concrètement, le PN utilise des phrases comme :
- « Tu te fais des idées »
- « Tu es trop sensible »
- « Tu n’es jamais content(e) »
Le résultat : isolement mental
La victime perd le sens de sa propre vérité, doute de ses perceptions, et finit par se taire ou céder. Le langage devient une arme de destruction psychique.
Peu à peu, les mots perdent leur fonction : ils ne servent plus à se comprendre, mais à se défendre, à survivre dans une relation asymétrique.
Pourquoi écrire permet de rétablir une forme de réalité
L’écrit, un outil de protection contre la manipulation
Le cabinet Avocats CCL propose un article intitulé « Mener son combat judiciaire contre le pervers manipulateur », accessible publiquement. Il insiste sur plusieurs points clés :
- Les Juges aux Affaires Familiales commencent à reconnaître officiellement la perversion narcissique, ce qui renforce la position des victimes.
- Le cœur de la stratégie repose sur la preuve : préserver tous les échanges écrits pour démontrer la manipulation et les changements de discours constants.
- Cet avocat recommande de ne jamais engager un dialogue oral, mais de s’appuyer sur des éléments factuels traçables (mails, SMS, écrits) pour construire un dossier solide.
Plus tôt, avec le cabinet Rathmès Avocats, et l’article « Avocat contre Pervers narcissique. Ses stratégies, nos solutions », nous avions déjà souligné que :
« Le pervers narcissique ment, inverse les rôles, joue sur les émotions, embrouille… Il est donc impératif d’établir un discours juridique construit sur des faits, et non sur des échanges émotionnels ou oraux qui peuvent être retournés contre la victime. »
Ces deux éclairages convergent pour formuler une stratégie juridique efficace : abus oral = piège ; preuve écrite = rempart.
Les bénéfices de la communication écrite
- Figer les faits
- Garder une trace cohérente
- Constituer des preuves
- Reprendre le pouvoir sur le tempo et le contenu des échanges
La psychothérapeute et psychanalyste Caroline Bréhat confirme cela sur Proteger l’enfant : l’écrit est un levier pour reprendre de la clarté, de la maîtrise et sortir de la confusion imposée.
Comment réagir face à un pervers narcissique qui manipule par la parole ?
Stopper le dialogue oral
- Limiter les contacts à l’écrit
- Ne pas répondre à l’agression par la justification
- Utiliser des phrases neutres et factuelles
- Refuser les conversations en direct non préparées
Renforcer ses repères internes
- Se former à la logique PN (voir « La manipulation du PN par le jeu du chat et de la souris »)
- Travailler avec un psy ou coach formé à la communication toxique
- Noter ses ressentis pour ne pas se perdre dans la confusion
- Partager avec des proches ou des groupes de soutien qui valident votre réalité
Conclusion : Parler avec un PN, c’est perdre du terrain
Le langage d’un pervers narcissique n’est pas un terrain de dialogue. C’est un champ de guerre. Et sur ce champ, la logique ne sert à rien si vous jouez selon leurs règles.
Refuser l’échange oral, recadrer par l’écrit, se protéger plutôt que convaincre : voilà la véritable stratégie de survie.
Ne discutez pas. Délimitez. Documentez. Débranchez.
C’est ainsi que l’on désactive le langage toxique et que l’on reprend peu à peu possession de son esprit, de ses mots, de sa vérité.
Avertissement : cet article est publié à des fins de sensibilisation uniquement. Il ne constitue en aucun cas un avis médical, psychologique ou juridique. Pour toute situation personnelle, il est essentiel de consulter un professionnel qualifié (avocat, thérapeute, médecin, etc.).
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