Le silence face à la provocation du pervers narcissique : une stratégie puissante à connaître
Introduction
Dans les relations avec un pervers narcissique – que ce soit dans la sphère privée (couple, famille) ou professionnelle (collègue, supérieur hiérarchique) – les échanges verbaux sont souvent piégés, voire destructeurs. Chaque mot, chaque réponse, chaque justification peut être retournée contre la victime. C’est dans ce contexte que la stratégie du silence, aussi contre-intuitive qu’elle puisse paraître, prend tout son sens.
Ne pas répondre, garder le silence, refuser l’escalade : loin d’être un acte de faiblesse, cette attitude peut devenir une arme de protection psychologique, mais aussi un levier de reconstruction. Encore faut-il comprendre quand et comment l’utiliser… et dans quel cadre elle devient insuffisante sans un accompagnement juridique ou thérapeutique.
Pour bien comprendre les concepts abordés, vous pouvez consulter notre glossaire des profils toxiques, notamment la notion de no contact, essentielle pour comprendre l’intérêt du silence face aux PN.
1. Le silence comme arme psychologique : stratégie de silence face au pervers narcissique : neutraliser le PN par l’absence de réaction
Le pervers narcissique (PN) fonctionne en captant l’attention, en provoquant des émotions fortes (peur, culpabilité, colère), puis en les manipulant à son avantage. Il se nourrit littéralement de vos réactions. Sans elles, il perd de sa puissance. C’est ce que décrit très justement le psychologue Pascal Couderc dans son article « Ne pas répondre à un pervers narcissique – quel effet sur le PN ?« , sur le site pervers-narcissique.com.
« Le silence prive le PN de ce qu’il cherche : l’effet miroir, le pouvoir sur l’autre. »
Refuser d’entrer dans la spirale du dialogue conflictuel, ou des justifications en boucle, c’est priver le manipulateur de sa nourriture psychique.
Pourquoi cela fonctionne ?
- Le silence interrompt le cercle de l’emprise.
- Il empêche le PN de mesurer votre souffrance, donc de s’en repaître.
- Il inverse subtilement les rôles : c’est vous qui reprenez le contrôle de l’interaction.
- Il frustre le PN, qui tentera alors d’augmenter la pression, ce qui confirme que votre posture a un effet.
2. Se défendre sans bruit : posture psychologique stable et lucide
Dans un article publié sur ma-sante.news, intitulé « Pervers narcissique : victime, apprenez à vous défendre !« , la psychologue Hélène Royer insiste sur une notion fondamentale : rester émotionnellement lisse, c’est-à-dire ne pas réagir sur le plan affectif aux attaques.
Le silence n’est pas seulement l’absence de mots : c’est une posture intérieure. Il s’agit d’un silence solide, fondé sur la lucidité et non sur la peur ou la soumission.
Ce que recommande Hélène Royer :
- Ne pas répondre aux provocations, même si elles sont injustes ou blessantes.
- Ne pas justifier, car cela alimente la manipulation.
- Ne pas argumenter : le PN ne cherche pas à comprendre, il cherche à dominer.
- Se concentrer sur sa propre stabilité émotionnelle : respiration, recul, recentrage.
Ce que cela produit chez la victime :
- Une réduction immédiate de l’anxiété relationnelle.
- Un sentiment de reprise de pouvoir sur soi-même.
- Une capacité nouvelle à observer les mécanismes du PN avec distance.
3. Ne pas répondre… et reconstruire : le silence n’est que la première étape
L’article de Pascal Couderc, mentionné plus haut, souligne qu’il ne suffit pas de se taire : il faut aussi penser et planifier ce silence.
« Le silence, quand il est utilisé à bon escient, permet de sortir du brouillard. Mais il doit être accompagné d’un travail de reconstruction. »
Étapes vers une libération durable :
- Identifier clairement la manipulation : cesser de douter de soi.
- Cesser d’espérer un changement : le PN ne changera pas, c’est structurel.
- Prendre de la distance mentale, émotionnelle et physique.
- Créer un réseau de soutien sécurisé (amis, psy, groupe de parole…).
- Engager un processus de reconstruction intérieure : estime de soi, projets, valeurs.
Pour aller plus loin, nous vous recommandons un ancien article de notre blog : Harcèlement moral au travail : quand le droit rejoint le vécu des victimes de profils toxiques. Cet article montre comment le vécu émotionnel de la victime rejoint les mécanismes juridiques de reconnaissance du harcèlement. Il complète parfaitement le présent article en illustrant comment les profils toxiques peuvent être encadrés légalement lorsque le silence ne suffit plus.
4. Quand le silence ne suffit plus : harcèlement moral et recours face à une relation toxique au travail : harcèlement moral et cadre juridique
Dans un contexte professionnel, la stratégie du silence peut être efficace à court terme, mais elle a ses limites. Car en entreprise, le pervers narcissique peut devenir un véritable harceleur, et les conséquences ne sont plus seulement psychiques : elles deviennent juridiques.
Le site Justifit.fr consacre un guide complet à ce sujet, intitulé « Pervers narcissique au travail : comment le détecter et le gérer ?«
Quand faut-il consulter un avocat ?
- Si les attaques sont répétées, sournoises, non factuelles.
- Si vous êtes isolé, écarté de réunions, évité par les collègues.
- Si vous sentez que votre santé mentale ou physique se dégrade.
- Si votre hiérarchie reste passive, voire complice.
Ce que peut faire un avocat spécialisé :
- Vous aider à qualifier les faits : harcèlement moral ? discrimination ?
- Vous accompagner pour constituer un dossier solide : mails, enregistrements, attestations…
- Vous orienter vers des actions possibles : alerte RH, inspection du travail, prud’hommes, voire pénal en cas de violence psychologique grave.
Le silence émotionnel face au PN n’empêche pas l’action concrète et encadrée sur le plan légal. Il s’agit de deux niveaux complémentaires.
5. Cas fictifs illustratifs : comment la stratégie du silence s’applique concrètement
Cas 1 : Julie, en couple avec un PN
Julie est en relation depuis 3 ans avec Marc, qui alterne séduction, culpabilisation, silences punitifs et crises de colère. Chaque fois qu’elle tente de se justifier, Marc retourne ses mots contre elle. À bout, Julie consulte une thérapeute, qui lui recommande de ne plus entrer dans le jeu.
Elle commence à répondre par :
« Je n’ai plus envie d’avoir ce type de conversation. »
Puis, parfois, par le silence total. Marc entre alors dans une phase de rage, puis tente de revenir par flatterie. Julie, soutenue, reste stable. Ce silence devient sa première étape de libération.
Cas 2 : Karim, salarié face à un manager toxique
Karim travaille dans une PME. Son manager, Sébastien, le critique en réunion, l’humilie subtilement, et lui envoie des mails accusateurs. Karim tente de répondre, de se défendre, mais cela empire.
Conseillé par une collègue, il commence à ne plus réagir sur le plan émotionnel, répond factuellement, et archive chaque message. Il contacte ensuite un avocat spécialisé, qui l’aide à monter un dossier. Six mois plus tard, l’entreprise est contrainte de repositionner Karim dans un autre service. Son silence émotionnel et son action juridique ont payé.
Conclusion : le silence pervers narcissique n’est pas la soumission
Face à un pervers narcissique, le silence n’est pas une faiblesse. C’est un choix stratégique, un bouclier, une reconquête de l’espace mental. Bien utilisé, il peut neutraliser la manipulation, et surtout, il permet à la victime de se retrouver elle-même.
Mais le silence ne suffit pas toujours. Il doit être pensé, accompagné, encadré. C’est le premier pas d’une libération, qui se poursuit par l’action : psychologique, sociale, parfois judiciaire.
Avertissement : cet article est publié à des fins de sensibilisation uniquement. Il ne constitue en aucun cas un avis médical, psychologique ou juridique. Pour toute situation personnelle, il est essentiel de consulter un professionnel qualifié (avocat, thérapeute, médecin, etc.).