Harcèlement moral indirect : quand le manipulateur frappe par procuration via proches ou subordonnés
Dans les dynamiques de harcèlement moral, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, certaines figures toxiques – notamment les manipulateurs pervers narcissiques – adoptent des stratégies d’attaque délibérément indirectes. Plutôt que de s’exposer en tant qu’agresseurs, ces individus opèrent par l’intermédiaire d’autres personnes : subordonnés, collègues, amis, membres de la famille ou même enfants. L’objectif : maintenir leur image intacte tout en infligeant une violence psychologique réelle à leur cible.
Harcèlement par personne interposée : un mécanisme précis et insidieux
Le rôle des tiers dans la stratégie du manipulateur
Le manipulateur, qu’il soit en position d’autorité ou d’influence, sait utiliser les failles relationnelles à son avantage. En s’appuyant sur des proches, des collaborateurs ou des membres de la famille, il délègue la mise en œuvre des actions malveillantes. Il peut s’agir de critiques « spontanées », d’invitations sociales sélectives ou d’instructions données de manière informelle pour isoler une cible. Les tiers deviennent alors des extensions de son emprise.
Objectif : invisibilité et déresponsabilisation
Ce mécanisme permet au pervers narcissique de se protéger de toute accusation directe. Aux yeux des autres, il semble neutre, voire bienveillant. Ce positionnement lui donne une longueur d’avance : il entretient un flou qui empêche la victime de formuler une plainte claire, tout en cultivant une apparence irréprochable.
Comme le souligne le cabinet d’avocats ING-Avocat dans son article sur le harcèlement moral dans la vie privée, la loi reconnaît que ce délit peut provenir de tout membre de l’entourage : conjoint, ex-conjoint, parent, voisin ou toute autre personne. Le texte met en lumière le caractère répété des actes et leur impact sur la santé mentale de la victime. Ce que cet article suggère en filigrane, c’est que la source de la violence peut être délibérément délocalisée par l’instigateur du harcèlement.
Dans le monde professionnel, ce mode d’action prend souvent la forme d’un manager toxique qui incite ses subordonnés à critiquer ou isoler un collègue ciblé. Ces actions incluent des exclusions, des remontées injustifiées, ou des refus implicites de collaboration.
Dans la sphère personnelle, il s’agit d’un parent manipulateur qui utilise les enfants ou les membres de la famille pour maintenir son contrôle : critiques voilées, injonctions absurdes, refus de contact direct remplacé par des messagers.
Exemples concrets d’attaques par procuration
Intimidations familiales : insultes, guets-apens, surveillance
Dans les dynamiques familiales, le manipulateur peut compter sur un réseau de loyauté toxique. Ses proches deviennent des relais d’agression. Cela va de simples messages culpabilisants à des scènes de confrontation planifiées pendant les échanges d’enfants. Il n’est pas rare que l’un de ces proches apparaisse dans un lieu stratégique, avec une posture menaçante, sans dire un mot.
Usage de faux témoignages en justice
Dans les procédures judiciaires, les pervers narcissiques instrumentalisent leur entourage. Ils sollicitent des attestations mensongères, souvent rédigées par des proches non témoins directs, mais qui confirment leur version des faits. Ces documents désorientent les juges et placent la victime dans une position défensive constante.
Ces schémas deviennent particulièrement visibles lorsqu’ils se répètent dans des situations précises :
- Un homme victime reçoit des e-mails accusateurs de la mère de la PN, l’accusant même d’être la cause des problèmes d’allaitement par la PN.
- Le beau-frère de cette même personne envoie un SMS d’insultes violent.
- Le père de la PN l’accueille agressivement lors de la remise de l’enfant.
- Ce même père est vu en bas de l’immeuble, en guet-apens silencieux, tel un voyou ou un mafieux cherchant à intimider
- La PN fournit en justice des attestations mensongères signées par ses proches.
Dans chacun de ces cas, la violence est réelle, mais le lien avec l’instigateur est camouflé. La victime fait alors face à un réseau d’agressions indirectes, difficile à dénoncer efficacement.
Le camouflage de l’agression : un calcul froid
Le manipulateur ne prend jamais le risque d’être ouvertement désigné. Il souffle des idées, oriente, délègue. Il peut apparaître comme une victime, renforçant la confusion.
Dans l’article du cabinet Lubszynski, psy-coach, un des critères de reconnaissance des manipulateurs cités par Isabelle Nazare-Aga est :
« Il fait faire ses messages par autrui ou par ses intermédiaires (téléphone au lieu du face à face, laisse des notes écrites).«
Ce mécanisme est fondamental dans le fonctionnement du PN : déléguer l’attaque tout en se préservant.
Subtilité, dilution et responsabilité
Cette forme de harcèlement indirect repose sur plusieurs piliers :
- Subtilité des actes : pas de cris, mais des suggestions insidieuses.
- Dilution de la responsabilité : « Je ne lui ai rien demandé, il l’a fait de lui-même ».
- Confusion entretenue chez la victime : attaque par des relais « neutres ».
L’impact psychologique sur la victime
Les conséquences sont profondes et durables :
- Perte de repères
- Perte de confiance en soi
- État de vigilance permanent
Professionnellement, cela mène au burnout, à la démission. Dans la sphère privée : isolement, ruptures familiales, voire perte de garde.
Comment se protéger ?
Identifier les schémas d’attaque par relais
Quand plusieurs personnes semblent relayer le même discours, il est probable qu’un point central les coordonne. Ce constat est crucial pour reprendre le contrôle.
Documenter, nommer, poser des limites
- Tenir un journal de bord
- Garder tous les messages
- Nommer les schémas
- Poser des limites claires
- Refuser les relais : exiger des contacts directs, ou le silence
Reconnaître ce mode d’attaque est la première étape de la protection. Posez-vous cette question : quel est le point commun de ces interventions ?
Il est crucial de :
- Garder des traces (messages, notes, horaires, témoignages)
- Consulter un avocat spécialisé (comme le recommande ING-Avocat)
- Solliciter un coach ou un psy pour déchiffrer la situation
- Refuser les relais indirects : ne plus laisser passer de messages non assumés
- Documenter tout : faux témoignages, pressions, intimidations
Lien avec d’autres formes de manipulation
Ce mode d’action indirect s’inscrit dans un tableau plus large des tactiques utilisées par les profils pervers narcissiques. Dans notre article intitulé La manipulation du Pervers Narcissique par le « jeu du chat et de la souris » : amour et argent en otage, nous avons déjà exploré la manière dont ces profils utilisent des retraits d’attention, récompenses affectives, ou inversions des rôles pour maintenir leur emprise. Ici, l’attaque par procuration est une escalade, où le PN orchestre tout un théâtre de manipulation.
Conclusion
Le pervers narcissique déploie une stratégie d’attaque complexe et indirecte. En faisant porter l’offensive par autrui, il maximise l’impact tout en protégeant son image. Il devient presque intouchable, pendant que la victime s’effondre dans la confusion et l’isolement.
Rappelons-le : ce qui n’est pas frontal n’est pas pour autant inoffensif. Et ce qui vient d’un proche n’est pas nécessairement bienveillant. Démasquer ces attaques par procuration est un acte de survie dans toute relation toxique.
Avertissement : cet article est publié à des fins de sensibilisation uniquement. Il ne constitue en aucun cas un avis médical, psychologique ou juridique. Pour toute situation personnelle, il est essentiel de consulter un professionnel qualifié (avocat, thérapeute, médecin, etc.).