Pervers narcissique : pourquoi et comment il copie sa victime

Introduction : le mimétisme chez le pervers narcissique

Dans les relations toxiques, l’emprise exercée par un pervers narcissique (PN) prend des formes multiples, souvent insidieuses. L’une des plus déstabilisantes est le mimétisme – ce comportement où le PN copie systématiquement sa victime, jusque dans les moindres détails de sa vie quotidienne. Ce phénomène, rarement abordé dans le discours courant, est pourtant révélateur d’une profonde vacuité identitaire et d’un besoin pathologique de contrôle.

Appuyons-nous sur les analyses de thérapeutes ou de coachs comme Franck Trommenschlager ou Steven Clément, ainsi que sur les témoignages de victimes pour explorer ce comportement singulier.

Le pervers narcissique imite sa victime : un trouble de l’identité profonde

Le psychologue Franck Trommenschlager évoque cette dynamique dans son article « Les pervers et le processus d’emprise psychique » en parlant d’une « inversion perverse des rôles ». Selon lui, le pervers narcissique est souvent incapable de construire une intériorité propre, et cherche donc à absorber celle de l’autre. Cette imitation systématique devient un moyen de vampiriser la personnalité de la victime pour exister à travers elle.

Pour mieux comprendre les dynamiques profondes de ces profils, on pourra se référer à l’article Harcèlement moral au travail : quand le droit rejoint le vécu des victimes de profils toxiques, qui détaille les mécanismes psychiques communs entre ces comportements.

Ce mimétisme est une stratégie adaptative développée pour cacher leur vide intérieur. Comme l’explique Steven Clément dans ses interventions, le PN se construit non pas en fonction de qui il est, mais de qui vous êtes. Il dérobe les codes, les goûts, les valeurs et les habitudes de ses victimes pour ensuite les retourner contre elles.

Le mimétisme du PN : une stratégie sans créativité mais pleine d’intentions

Ce mimétisme n’est pas anodin. Il s’agit d’un vol identitaire aux visées stratégiques. Le PN utilise la copie comme moyen d’emprise et de confusion. Il se réapproprie les choix de vie de sa victime afin de :

• La déstabiliser : en copiant tout ce qu’elle fait, il brouille les repères.
• L’effacer : si tout est dédoublé, la singularité de la victime est niée.
• La contrôler : il montre ainsi qu’il est partout, omniprésent, et qu’il n’y a pas d’issue.

Exemples de mimétisme en contexte personnel

• Vous adoptez un chien, il prend un chat, mimant votre geste sous une forme concurrente.
• Vous parlez de faire une fête d’anniversaire à votre enfant, il l’organise en urgence juste avant votre date prévue, dans une sorte de compétition passive-agressive.
• Vous offrez un doudou spécial à votre enfant, il achète exactement le même, annulant la valeur affective unique de votre geste.

Exemples de mimétisme en entreprise

• Vous proposez une idée en réunion, le PN la reformule légèrement et se l’approprie comme sienne.
• Vous mettez en place une nouvelle méthode de travail, il la copie en prétendant en être à l’origine.
• Vous changez votre manière de vous habiller ou de communiquer, il vous imite quelques jours plus tard, brouillant la perception de vos collègues sur votre singularité.

Ce mimétisme professionnel peut déstabiliser, surtout lorsqu’il s’accompagne de manipulation politique interne, visant à obtenir reconnaissance, promotions ou à isoler la victime.

Pourquoi le PN copie tout ? Besoin d’admiration et vide identitaire

Dans une interview accordée à The Little Big Things Steven Clément précise que ce mimétisme est un mode de survie chez les PN : « ils ne créent rien, mais absorbent et recyclent ce qu’ils voient autour d’eux, comme une coquille vide qui prend la forme de ce qu’elle touche. » Il explique que cette copie n’a pas pour but de s’inspirer, mais bien de contrôler et déconstruire l’identité de l’autre.

La copie est un outil de captation de l’admiration. Le PN ne peut susciter naturellement l’attachement, alors il singe la personnalité de l’autre pour s’attirer ses grâces ou celles de l’entourage.

Mais ce comportement a aussi une visée de possession. En reproduisant tout, il envoie un message silencieux : « tout ce que tu fais m’appartient, m’inspire, m’alimente ». Il se nourrit de l’énergie créative de sa victime car il n’en a pas lui-même.

Comme le dit Steven Clément, le PN a une personnalité-caméléon. Il évolue dans un monde où l’authenticité n’existe pas. Le plagiat comportemental est pour lui une nécessité.

Le mimétisme comme outil de manipulation et d’emprise psychologique

Ce comportement vise à rendre la victime confuse. Le mimétisme devient un outil de gaslighting (déni de réalité) subtil. Lorsque la victime exprime un mal-être face à cette copie constante, le PN la fait passer pour paranoïaque ou narcissique elle-même : « Tu te crois unique ? Tu penses que je fais tout comme toi ? »

Cette dynamique pousse la victime à douter de sa perception. Le PN, en répliquant ses actions, brouille la frontière entre l’original et la copie, entre le moi et l’autre. C’est une façon de diluer l’identité de la victime jusqu’à ce qu’elle se sente vidée de sa propre essence.

Confusion créée par le mimétisme en milieu professionnel

En entreprise, cette tactique peut aboutir à un isolement progressif de la victime, surtout si elle est perçue comme instable ou prétentieuse par ses collègues, manipulés par le PN. Ce dernier crée une zone de flou dans les responsabilités et la créativité, s’appropriant à la fois le mérite et la reconnaissance.

Quand le pervers narcissique copie le parent : l’impact sur les enfants

Dans les cas de séparation, les PN utilisent ce mimétisme pour manipuler les enfants. Ils reproduisent ce que l’autre parent met en place pour mieux s’approprier le lien affectif. Si vous initiez une activité qui séduit l’enfant, il la reprendra à son compte. Si vous offrez un objet marquant, il achètera le même.

Ce comportement n’est pas innocent. Il vise à semer la confusion dans l’esprit de l’enfant, à diluer les repères affectifs, à faire croire que les deux parents se valent, ou pire : que le parent toxique est plus attentif, plus aimant, plus « fun ».

Comment se protéger d’un pervers narcissique qui copie vos faits et gestes

• Reconnaître le schéma : Comprendre que ce mimétisme est une forme d’emprise et non un hasard ou une coïncidence.
• Ne pas chercher à se justifier : Laisser le PN copier sans réagir peut parfois être la meilleure stratégie.
• Cultiver sa différence en silence : Réduire la transparence sur ses choix de vie empêche le PN de les anticiper.
• Prendre appui sur des ressources extérieures : Un suivi psychologique, un avocat en droit de la famille, ou des groupes de parole permettent de se recentrer sur soi et de sortir de l’isolement.

Stratégies juridiques face au mimétisme d’un PN

En entreprise, il est utile de documenter ses initiatives, d’envoyer des mails datés, de créer une traçabilité, afin de prévenir les tentatives d’appropriation. Le soutien d’un manager neutre ou d’un mentor externe peut aussi jouer un rôle clé.

Sur le plan juridique, comme le souligne un blog spécialisé dans les procédures contre les manipulateurs pervers, le PN utilise parfois ce que l’on pourrait appeler un mimétisme procédural : report d’audiences, reformulation tardive de vos arguments, ou encore présentation de pièces copiées à la dernière minute pour s’attribuer vos idées et semer la confusion au tribunal. Une vigilance accrue est donc essentielle, et un avocat averti de ces tactiques peut faire toute la différence.

Conclusion : dénoncer le mimétisme du PN pour s’en libérer

Le mimétisme du pervers narcissique n’est pas une flatterie maladroite, mais un outil d’aliénation. Il vise à s’approprier la créativité, l’énergie et les liens de sa victime. Ce phénomène, encore trop peu analysé, mérite une prise de conscience collective.

Dénoncer ces stratégies, c’est redonner à chacun le droit de s’appartenir pleinement.

Avertissement : cet article est publié à des fins de sensibilisation uniquement. Il ne constitue en aucun cas un avis médical, psychologique ou juridique. Pour toute situation personnelle, il est essentiel de consulter un professionnel qualifié (avocat, thérapeute, médecin, etc.).